Play time ?
J'avais passé la journée coincé dans des salles de réunion, à participer à des meetings dont je n'avais absolument pas envie. Ce n'était jamais mon choix de devenir le chef d'une grande entreprise, encore moins de cette entreprise. Pourtant, je devais faire avec et accepter de prendre les rênes de tout ça... J'avais été élevé pour ça, après tout. Et je suis le seul véritable fils.
Toute la journée, Devin, le petit danseur que j’apprécie bien, m'avait envoyé des textos. Enfin, "apprécier" est un grand mot... Il est doué dans ce qu'il fait, et c'est tout ce dont j'avais besoin : du plaisir sans complications. Surtout avec mon métier. Il essayait clairement de me chauffer, et je dois admettre que ça fonctionnait. Toute la journée, une seule chose me hantait : l'envie de lui faire sauter ce bas de pantalon...
Les réunions me paraissaient interminables aujourd'hui. Heureusement, en fin d'après-midi, j'ai pu assister à la présentation de la nouvelle cohorte d'enfants qui allait être formée par la famille. Je n'adhère pas totalement à tout ça... mais c'est nécessaire pour l'organisation et la famille.
Quand je peux enfin m'échapper de ce monde de fous, je me prends un truc à manger rapidement et je demande à mon chauffeur de m'amener au Hunter Lounge. C'est le meilleur endroit au monde pour relâcher la pression. Je suis membre depuis maintenant 8 ou 9 ans… Ça fait longtemps que je sais que je suis plus homosexuel qu'autre chose, au grand désespoir de ma mère qui rêve encore d'avoir des petits-enfants... Des enfants... Je ne pense pas être le type idéal pour en avoir non plus… Déjà, j'aime pas vraiment les gamins que je suis forcé de voir s'entraîner. Alors, imaginer en élever un moi-même ? Non, merci...
En arrivant à l'établissement, on me conduit directement dans la section VIP, dans MA salle. Je tiens toujours à avoir la même, c'est une question de principe. Mon nom pourrait presque être gravé sur une plaque en or à l'entrée, tellement cet endroit est devenu mon territoire.
J'étais en avance, je le savais, alors je me servis une coupe de champagne et m'installai confortablement. J'avais encore mon complet, mais j'avais retiré le veston, me retrouvant en chemise blanche. Les manches relevées, la chemise sortie négligemment de mes pantalons… Ah, bordel, que je détestais m'habiller comme ça.
Quand Devin entra enfin dans la salle, il me salua avec un sourire, mais je restai assis, impassible. Je n’ai jamais eu besoin de me lever pour saluer qui que ce soit. Mon humeur ? Massacrante.
"Tu devrais savoir que je n'aime pas discuter."
Il me tendit un verre et je l’attrapai d’un geste sec avant de l'avaler d’un trait. J'avais clairement besoin de ça, de noyer un peu le bordel qui tournait dans ma tête.
"Oh, tu ne pourrais pas comprendre, même si je te l'expliquais."