How about no? Feat Devin

Depuis le changement de direction au Lounge, les choses ont rapidement évolué. C’est beaucoup plus structuré, et monsieur Saeng attend de nous que nous soyons impeccables chaque soir. J'apprécie la rigueur qui s'est installée. De plus, passer sous l'égide de Saeng Entertainment a été un vrai tournant. Nos salaires ont même augmenté ! Les publicités pour l'établissement se sont multipliées, et notre clientèle a rapidement augmenté. Franchement, j'accueille ce changement avec enthousiasme.

Monsieur Saeng invite même des personnes fortunées pour venir nous observer en performance. L'essence du lounge n'a pas changé, mais clairement, les revenus, eux, oui. Ce jeune Thaïlandais sait comment faire fonctionner une entreprise ! Il voulait que nous formions une équipe soudée, et ça marche plutôt bien.

Aujourd'hui, j'ai été mis dans une belle voiture avec Devin. Monsieur Saeng nous a offert ce qu'il appelle une retraite de méditation entre collègues. Il savait qu'il y avait des tensions entre nous deux et souhaitait que nous travaillions là-dessus. Comment il est au courant que l'autre idiot passe son temps à être... Enfin. Pas le plus cool. Je n’en sais rien. Mais bon, un voyage gratuit à Banff ? Pas de souci, je ne vais pas me plaindre.


En arrivant à l'hôtel, je m'occupe de l'enregistrement. Devin n'a pas été très bavard pendant le trajet... Enfin, j'ai la clé de notre chambre. Une seule chambre. On va devoir la partager... Une fois à notre porte, je l'ouvre et éclate de rire. Sérieusement ? Un seul lit ? Et pas de fenêtre ? Juste un petit balcon qui donne sur une autre petite pièce... Mais qu'est-ce que c'est que cet hôtel ? Je me laisse tomber sur le lit et tourne le regard vers Devin.

"On va devoir partager, je crois."

Clairement, ça va être un séjour mémorable... Quatre jours ici à partager le même lit avec lui. Je craignais déjà de partager la chambre, alors là... ça promet !

"J'espère que tu ne ronfles pas. J'ai besoin de mes heures de sommeil."

Je me redresse légèrement. On nous a donné une feuille avec les activités que notre nouveau boss souhaite que nous fassions : bains thermaux, tour en gondole et même une randonnée... Il y avait d'autres trucs, mais je n'ai pas vraiment pris le temps de les regarder.

Il rumine, Devin.
Il rumine depuis que la nouvelle s’est affichée sur l’écran digital par l’entremise de celui qui l’accompagne dans cette ville éloignée. Il aurait dû se réjouir de cette nouvelle, un voyage tout payer -même si ce n’est que pour quatre jours-, il ne dit pas non. Pourtant, la joie brille par son absence et son regard bleuté qui fixe la fenêtre.
Cela lui arrivait de bifurquer vers son collègue de travail, mais ce n’était que l’espace d’une seconde pas plus. Il n’avait pas eu son mot à dire.
Bordel qu’il regrettait d’avoir ouvert sa trappe. Tout allait bien tant qu’il restait un simple client VIP. Mais maintenant qui était le patron. God, il hurlait dans sa tête. Il avait même envie de se fracasser la tête contre la vitre, sauf il n’avait pas l’argent pour payer des réparations sur ce véhicule de luxe.
Allez, avec un peu de chance, il n’aurait qu’à le snober durant ses 4 jours et à s’amuser de son côté. Il devait bien avoir un casino. Il lance une recherche sur son téléphone et bingo! Il saura probablement séduire quelques partenaires de jeu et en ramener au moins un pour passer un bon moment. Yup! Un excellent plan. Sans oublier de s’éclipser dès que Adam se pointera le bout du nez, parce qu’il le fera à coup sûr. Sinon ça ne sera pas Adam.

Ils finissent par arriver, enfin. Pendant que l’idiot de service règle le tout, Devin s’allume une cigarette.  C’est à peine s’il parvient à s’intoxiquer à la nicotine qu’il voit par les murs vitrés son collègue lui faire signe. Il se reprendra plus tard.
Adam lui fait miroiter la carte. Une seule carte. L’américain hausse un sourcil, mais il ne le questionne pas. Il comprend ce que ça implique et il bouillonne déjà. Ses plans tombent à l’eau et coulent jusqu’aux profondeurs océaniques. À moins qu’il décide de s’en foutre?
Son sourire disparaît dès que l’autre éclate de rire.

That’s a fucking joke!

— J’espère que tu dors bien sur le plancher! Et crois-moi, ce n’est pas des ronflements que tu vas entendre. Je compte bien ne pas partager le lit avec toi, mais d’autres personnes.

Il dépose son sac sur la table. Sors son téléphone. Il se fait déjà tard.

— Allez, dégage de mon lit.

Son message envoyé, il laisse son appareil électronique sur la table également. Il enlève sa veste puis son chandail qu’il envoie valser sur son sac. Il se retourne vers Adam qui prend un vilain plaisir à prendre tout son temps.

— C’est complètement n’importe quoi ce séjour, vraiment… peste-t-il pour lui-même. Et je suis déjà crevé.

Le lit est juste parfait ! Mon dos est aux anges. Je m'étends de tout mon long, savourant le confort. Je jette un coup d'œil à Devin, qui semble vraiment en colère. Un petit sourire me monte aux lèvres, mais il disparaît rapidement quand il me dit de dormir par terre et qu'il allait faire venir d'autres personnes dans le lit... Ce mec cherche vraiment à me faire chier.

"Aucune chance que je dorme par terre. Toi, au sol. T’es le plus jeune, alors respecte ton aîné."

J'enlève mes souliers et je me mets plus à l'aise dans le lit. Aucune chance que je dorme par terre ici... Ce n'est pas confortable en tant qu'humain, et hors de question que je me transforme devant lui. Quoique... il pourrait probablement faire une crise cardiaque en me voyant, non ? Oui, ça serait parfait ! Si monsieur Devin me fait trop chier dans les prochaines heures, je devrais tenter le coup. Il va avoir la peur de sa vie !

Je l'entends marmonner dans son coin et je ris un peu. Mon dieu, il pourrait pas juste se taire et profiter des quatre jours ? Ensuite, on en parle plus et c'est terminé.

"Écoute... On pourrait juste profiter et se dire que ce qui se passe ici, reste ici ? On fait semblant d'être potes pour le boss et voilà… ?"

Je soupire, agacé. Finalement, je me lève, prends un oreiller et des couvertures, puis m'installe sur une chaise dans la chambre, tournant le dos à Devin. Tant pis pour lui. Peut-être que demain, je me transformerai et pisserai dans le lit en loup. Avec un peu de chance, ça le dégoutera suffisamment pour qu'il ne veuille plus y retourner.

"Juste dis-moi si tu ramènes des gens, je sortirai pour te laisser profiter. Le chouchou mérite bien tout ce qu'il veut."

Ah, on le sait tous que le nouveau boss préfère Devin à nous tous. Depuis toujours, même. Sans un mot de plus, je prends mon téléphone et commence à le scroller distraitement. Je me concentre déjà sur l'idée de m'offrir des massages pendant ces jours de repos, histoire de ne pas avoir le dos en compote pour la reprise du boulot...

Je commence à scroller sur mes réseaux sociaux et TikTok. Pourquoi pas ? Si la princesse ne veut ni partager le lit ni faire le moindre effort, autant m’occuper autrement. Je me perds dans les vidéos, essayant d’ignorer sa présence et de me détendre un peu. Après tout, si je dois survivre à ces quatre jours, autant les passer à me divertir plutôt qu'à me prendre la tête.

Respecter ses aînés? Si ça ne serait pas un sale little brat, peut-être que Devin aurait plus de considération envers son aîné. Il ne saurait dire exactement pourquoi, mais avec ce collègue, il y a des étincelles qui fricotent toujours entre les deux. Des étincelles qui se transforment en flammèches bien trop souvent, en fait.
Il hausse simplement les épaules en guise de réponse. Il ignore encore comment le tout se terminera, mais il était hors de question qu’il partage un lit. Il glisse un œil à son collègue qui se cale davantage dans le lit et soupire. Son message envoyé, il ne restait plus qu’à prier, non? Avec un peu de chance, ils pourront faire chambre à part d’ici avant que Morphée saupoudre sa tête.

— Uh? Oublie ça, ça ne le fera pas. Il sait très bien que j’arrive pas à te blairer, il ne gobera jamais qu’on est pote.

Il voit du coin de l’œil du mouvement qui capte son attention. Voilà que Adam se réfugie sur une chaise avec la moitié du lit.
Il en profite pour s’y asseoir et s’y laisser tomber. Il sent que ça ne sera pas bien long pour qu’il sombre dans le sommeil.

— Mais ferme-la!

Il aura les surprises en rentrant dans la chambre si Devin s’amuse ou non avec un parfait étranger, il n’en a rien à foutre!
Ses dents grincent. Il déteste cette étiquette qu’on ose lui coller à la peau. Il n’a jamais demandé au gosse de riche de racheter le Hunters Lounge.

— Et ne dis plus que je suis le chouchou bordel!

Il voit la lumière de son téléphone s’allumer. Il se redresse et y jette un œil, l’espoir que ce mauvais moment ait une fin, mais le message qui défilent sous ses pralines lui fait froncer les sourcils. Il tape sur son clavier électronique avant de balancer son appareil sur le matelas d’un geste brusque.
Il réprimande un juron dernière minute et la paume de ses mains enveloppe son visage. Il doit se calmer et réprimer ce désir ardent de calciner son patron.

« Parles-y ou viens me voir chez moi pour continuer les bonus »
Non, mais comment il voulait qu’il rentre au juste? C’est lui qui l’a envoyé à l’autre bout du pays avec le pire collègue qui soit.
Il inspire, tandis que sa main traverse ses mèches brunes. Il jette un regard par-dessus son épaule. L’autre a trouvé comment passer le temps de toute évidence. Bordel, il n’a rien à lui dire…

— Je vais prendre une douche, dit-il bonnement avant de se débarrasser de ses pantalons.

Il n’a aucune pudeur devant Adam. Il l’a vu un nombre incalculable de fois alors qu’il est vêtu que d’un simple boxer. Il se garde une petite gêne néanmoins en conservant son sous-vêtement avant de disparaître dans la salle de bain. Il ne ferme pas complètement la porte et commence à faire couler l’eau.

Je le fixe droit dans les yeux avant de laisser échapper un léger "chouchou". Tout le monde sait qu'il est le préféré. C’est évident, même avant qu'il devienne le boss... Monsieur Saeng ne demandait que Devin, et pour des heures. Et à chaque fois, Devin sortait de la pièce avec des liasses de cash, comme si de rien n’était.

Devin, en pleine crise avec son téléphone, commence à s'énerver. Son sugar daddy ne lui a probablement pas répondu comme il le voulait. Bien sûr que c'était le boss qu'il textait ! Comment je le sais ? J'ai reçu moi-même un message de Saeng me demandant de devenir "ami" avec Devin. Un message clair comme de l'eau de roche. Je regarde mon propre téléphone, pensant à tout ça. Si Devin acceptait simplement les demandes du patron, on ne serait pas dans ce pétrin.

Le silence s'installe un moment avant que Devin ne m’informe, de façon plutôt détachée, qu'il va prendre une douche. Il ne me parle jamais vraiment de lui-même, pas vrai ? Peut-être que je devrais simplement retourner au cabinet d’avocats de la famille... Au moins, là-bas, on me traitait avec un peu plus de respect. Je le regarde se déshabiller, se retrouvant en boxer devant moi avant de s'enfermer dans la salle de bain.

Je prends une décision. Je me lève et le rejoins. La douche est assez grande, assez pour deux personnes, bien évidemment. Un sourire me traverse le visage alors que j’enlève mon t-shirt et mon pantalon, puis j’entre dans la douche à mon tour. Il est de dos, et pour l’instant, c'est parfait.

Un majeur. Voici ce que reçoit Adam lorsqu’il ose échapper l’adjectif qui désigne Devin auprès de leur patron. Le tout accompagné d’un magnifique faux sourire.
Bon sang qu’il avait ce foutu don de l’énerver. Sans compter que Kim a ajouté une couche en refusant de coopérer. Il sent la chaleur s’élever en lui -et non pas les montés fiévreuses qu’il adorait émergé avec un ou une partenaire-. Il a beau frotter son visage, ce n’est qu’une question de goutte de trop avant que ses flammes surgissent malgré lui et il ne peut se permettre une telle chose. Ils ne sont pas à Vancouver dans la Zone Nord. Puis il ne connaît pas cette ville Banff. Alors, il préfère éviter les conneries inutiles. Surtout devant ce collègue qui s’amuse de le voir perdre patience.
Il s’éclipse, Devin, dans la salle de bain. Une douche froide le tempérera. Il déteste le froid, mais s’il veut maintenir le contrôle sur son pouvoir qui danse dangereusement en lui, ses options sont limitées et le premier à pouvoir le calmer est cette eau qui baissera la température.

La pomme de douche enclenchée, il joue avec la manivelle afin d’y capter la température souhaitée. Il laisse tomber au sol son sous-vêtement et passe le seuil de la douche vitrée comme on en voit plein sur Google lorsqu’on tape dans la barre de rechercher hôtel de luxe.
L’eau cascade son corps. Devin inspire, retient son souffle avant d’expirer en relâchant les muscles de son corps. Un procédé qu’il répète en se concentrant sur sa respiration ainsi que l’eau qui s’abat sur sa personne. Ses mains finissent par s’appuyer contre la céramique. Il se sent enfin se détendre.
Il sursaute.
Cette voix qui se soulève dans son dos.

Je regarde Devin sortir de la douche, légèrement paniqué. Pourquoi est-il parti si soudainement ? Je me lève, l’observe un instant, puis le suis, essayant de comprendre. Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? On passait un bon moment, non ? Un peu de taquinerie, rien de méchant…

"Devin ?"

J’attrape une serviette que je noue autour de ma taille avant de le rejoindre dans la chambre.

"Ça va ? J’ai fait… quelque chose qui t’a déplu ?"

Je le fixe, incertain, puis m’assois sur le lit, toujours captivé par lui. Il est tellement sexy, impossible de nier l’attirance que je ressens. Et vu la situation, c’est peut-être ma faute, non ?

"Dis-moi… il y a quelque chose que je peux faire pour me rattraper ?"

Je soupire, jetant un regard inquiet autour de moi, à la recherche d’un endroit où je pourrais dormir sans craindre pour ma vie ce soir. Le visage que Devin faisait… ça ne présage rien de bon. Il va probablement vouloir m'étriper.

"Je… je peux aller voir s’il reste une autre chambre… et la louer. Comme ça, tu auras l’endroit pour toi, tranquille."

Je me lève, fouillant dans ma valise pour attraper quelques vêtements. En cherchant, mon bandeau de nuit tombe par terre. Génial… exactement ce que je voulais éviter. Devin va sûrement se moquer. Mais bon, j’ai besoin de ce truc pour bien dormir quand je ne suis pas chez moi. Y’a toujours trop de lumière partout ailleurs.